Levé très tôt ce matin pour assister au discours obligatoire du Doyen comme chaque nouvelle année, Alessio prit les clés de sa voiture et se rendit à la Siracusa Academy. Cela faisait désormais quatre ans qu’il étudiait à cette école et le discours du Doyen était toujours le même et lui aussi soit dit en passant. L’identique vieux rabat-joie qui mettait en garde les élèves de ne pas faire d’excès au sein de l’académie tels que boire, se droguer ou coucher. Le jeune italien n’avait, depuis sa première année, jamais respecté les règles. Etait-il pour autant un cancre et un bon-à-rien dans sa matière principale ? Non ! Alors au diable le Doyen et dépassez les limites comme bon vous semble. De plus, le beau brun n’était pas de très bonne humeur en cette matinée ensoleillée car il avait fêté la fin des vacances et la reprise des cours la veille, avec quelques amis et il avait une sacrée gueule de bois comme pas possible et le réveil fut compliqué. En effet, toutes occasions étaient bonnes à prendre pour faire la fête selon lui. Alessio était un amateur de drogues en tout genre, il n’en abusait jamais mais il aimait les sensations que cela lui procurait. A vrai dire, son rythme quotidien se résumait à la musique, aux fêtes, à la défonce et au sexe. Le sexe était pour lui vital. Les tendresses d’une femme, la sensation lorsque les deux corps ne faisaient plus qu’un, les baisers et tout ce qui s’en suivait ; le jeune homme n’en avait jamais assez. Il aimait les femmes et leurs charmes et celles-ci le lui rendaient bien.

C’est alors qu’il arriva sur le parking de l’académie, les fenêtres ouvertes et la musique à fond, de quoi se faire bien remarquer de bon matin. Ce fut en sortant de sa voiture, qu’Alessio laissa échapper un énorme et lourd soupir qui voulait en dire long. Il n’avait qu’une envie, reprendre la route et retrouver son lit bien douillet chez lui. Cependant, maintenant qu’il était présent autant se rendre à ce foutu discours et terminer cela au plus vite. De plus, il appréhendait en quelque sorte de voir les nouvelles têtes des premières années et surtout celles des demoiselles. C’était avec un air nonchalant et les cheveux en bataille qu’Alessio se rendit vers l’énorme amphithéâtre où se déroulaient toutes les grandes interventions de l’école. Cette académie, il la connaissait sur le bout des doigts désormais.

Alessio rencontra sur son chemin plusieurs personnes qu’il connaissait et s’arrêta toutes les cinq minutes afin de les saluer et discuter rapidement avec. Certains même qu’il ne connaissait pas, lui faisait un geste amical de la main. Le jeune homme se trouva ensuite rapidement une place tout en haut avec quelques amis à lui, afin de pouvoir avoir une vue globale sur tout le monde. On pouvait facilement remarquer les premières années qui se trouvaient généralement sur les places aux premiers rangs afin d’être totalement attentifs et de pouvoir entendre ce qu’allait annoncer notre cher Doyen. De plus, c’étaient les seuls qui étaient réellement excités à l’idée de commencer cette nouvelle année à la Siracusa Academy. Chose qui était compréhensive car Alessio fut exactement pareil durant ses premiers mois. De plus, il était vrai que c’était une prestigieuse académie et que chacun d’entre eux voulaient percer et devenir une légende dans son domaine favori.

Le jeune italien n’écoutait absolument rien de ce que disait le Doyen. En revanche, il ne fallut pas longtemps pour que ce dernier sorte son cahier de partition afin d’avancer davantage dans l’une de ses compositions qu’il venait fraichement de commencer. Le stylo entre ses doigts, il tapotait le rythme sur la table et le marmonnait doucement afin de se faire une légère idée et ceci tout au long du discours. Cependant, lorsqu’il fut question de sortir, Alessio fut l’un des premiers à se lever et à se diriger vers l’extérieur de l’académie car il avait un rendez-vous avec une belle italienne très particulière.

Ah nouvelle année... Nouveau discours. J'étais plutôt réticente au fait de devoir me rendre au colisée pour écouter notre cher Doyen nous faire son même discours chaque année. Je n'étais pas d'accord, pas d'accord du tout. Simplement, revenir dans l'académie faisait beaucoup de bien. Rejoignant quelques amies devant le Capitole, j'allumais une cigarette afin de faire passer le temps. Les nouveaux s'affairaient à ne pas être en retard, essayant de rentrer le plus vite possible tandis que les autres, les habitués, attendaient d'un air blasé. Il était vrai que le fameux discours était plus long et ennuyeux que prévu mais nous le savions tous. Déjà deux ans que je l'entendais nous parler des mêmes choses, nous interdire les mêmes choses. La seule ombre au tableau était le fait que personne n'avait jamais respecté tout ceci, les fêtes fleurissaient au sein de l'académie et les réveils difficile étaient bien plus nombreux qu'il voulait bien le penser. Je n'étais vraiment pas impatiente de l'entendre nous rappeler les mêmes points alors que je connaissais son discours par cœur. Je ne voulais qu'une chose, allez me détendre, danser, oublier qu'une nouvelle année était en train de pointer le bout de son nez. J'étais heureuse d'être à l'académie c'était une évidence, mais j'aurais préféré que pour une fois, elle commence autrement. Finissant ma cigarette avec un air désabusé, ce fut avec un mouvement de tête que j'intimais les filles de rentrer dans l'immense bâtiment. Il fut un temps ou je restais dans mon coin, chaque discours, chaque évènements qui se passaient au Colisée me rendait nerveuse. Je devenais soudainement timide et introvertie en voulant faire de mon mieux et en voulant passer pour une jeune fille modèle. Néanmoins, j'avais vite déchanté. Le Doyen récupérait ses bribes de discours depuis des années et je commençais à fatiguer. Ce qui me faisait le plus rire était le fait de voir les nouveaux, apeurés, respectueux et totalement silencieux. Les pauvres, ils ne savaient vraiment pas ce qui les attendaient. Bien sûr, nous étions toujours aussi fiers de faire partie de cette prestigieuse école, mais le discours aurait réellement dû être une option. M'asseyant à notre place habituelle, j'observais les autres 'anciens' des différentes maisons qui avaient chacun leurs place attitrées, un territoire, nous étions divisés en territoire. Voyant le Doyen se diriger sur le devant de la scène, j'arquais un sourcil en lançant un regard entendu au reste du groupe. Nous y étions, lorsqu'il entreprit de commencer son laïus, je le murmurais en même temps, machinalement ou par amusement je ne savais pas trop. M'affalant sur mon siège, j'aurais voulus sortir en courant et prendre l'air, une cigarette et de l'air frais. Madre mia, que quelqu'un le fasse taire je vous en supplie. Déportant mon regard sur les nouveaux, je ne pus me retenir d'éclater de rire. Ils avaient tous les yeux ronds, bouche bée, comme si la vierge Marie venait de les féliciter d'être ici. Soupirant en tapotant machinalement sur le siège de devant, je priais intérieurement pour qu'il finisse au plus vite son laïus. Ce qu'il ne tarda pas à faire, me levant immédiatement, je sorti du bâtiment à la vitesse grand v afin de pouvoir aller faire ma petite vie.